Où en est la biodiversité sur le site de l'étang de Robien?

Le site de l'étang de Robien est en pause en attendant des décisions sur la reprise des travaux. Nous avons souhaité interroger David Etienne, Technicien rivière à l'Agglomération de St Brieuc et Brewen Lemarchand, étudiant en génie biologique à l’IUT de Brest, en stage à l’agglomération, sur les études qui sont menées actuellement sur la biodiversité du site. Une étude de la biodiversité est mise en place après la précédente de 2019.

Pourquoi cette étude ?

Cette étude a pour but d’analyser l’état de l’écosystème de zone humide associé à l’étang de Robien. Nous cherchons à déterminer si les travaux réalisés en 2021 ont eu un impact sur différents volets de la biodiversité, qu’il soit négatif ou positif.

Sur quels volets de la biodiversité ?

Les volets de la biodiversité étudiés sont la flore, les amphibiens, et les odonates (libellules pour les moins avertis). Optionnellement, on peut aussi avoir un œil sur les poissons holobiotiques (c’est-à dire qui restent en eau douce toute l’année) en utilisant le protocole des amphibiens (le piège attire aussi les poissons). L’étude de ces volets est intéressante car ils constituent tous de très bons indicateurs de la bonne santé d’un milieu humide.

Est-elle réalisée en suivant des protocoles définis ?

Elle est réalisée en se basant sur les mêmes protocoles que l’étude précédente de 2019, eux-mêmes basés sur les protocoles LigerO, qui sont mis en application et recommandé par le Forum des Marais Atlantique (FMA). Ce dernier est une association française très reconnue, qui a travaillé précisément sur les diagnostiques de la qualité des zones humides, afin surtout de définir les volets les plus pertinent dans le vivant présent dans ces zones, étant les meilleurs indicateurs de sa santé globale. Cela permet d’éviter des études très lourdes, longues et coûteuses, sur l’ensemble du vivant, en auditant seulement certains volets pertinents du vivant.

Comment est-elle réalisée ?

  • L’étude de la flore passe par la mise en place de transects sur des tronçons
    précis. Il faut bien sûr reprendre les linéaires de l’étude précédente pour
    pouvoir comparer les résultats. Ensuite, les observations sont notées et
    des pourcentages de recouvrement sont calculés.
  • L’étude des amphibiens passe par une capture grâce à des pièges posés
    tous les soirs et relevés tous les matins pendant deux fois trois jours.
    Après identification, les amphibiens sont immédiatement relâchés.
    08/04/2024
  • L’étude des odonates passe par une capture au filet sur une zone précise
    et sur une durée définie. Pour chacun de ces protocoles, des clés de
    déterminations sont utilisées pour aider aux identifications.
  • Le suivi piézométrique (9 tubes placé dans la zone humide permettant de
    suivre les mouvements du niveau d’eau dans le sol) n’a pas été repris, car
    la situation entre 2019 et aujourd’hui n’a pas bougées. Le niveau de la
    rivière est toujours aussi haut via la prise d’eau de St Brieuc Fonderie, qui
    a été installée temporairement à l’entrée de l’ancien étang. Ce suivi sera
    repris après les aménagements finaux, quand le niveau de la rivière sera
    définitif, pour voir comment évolue les niveaux de nappe d’eau dans la
    zone humide boisée, et nous pourrons croiser cela avec les espèces
    végétales et animales qui s’y développeront après travaux.

Que disait du site la précédente étude ?

La précédente étude montrait une diversité floristique de sous-bois plutôt bonne, mais avec un manque de flore typique des zones humides. Elle montrait aussi une diversité très faible en amphibiens, la seule espèce ayant été observée étant le Crapaud épineux. Il en va de même pour les odonates, où deux espèces seulement ont été observée, des espèces d’ailleurs considérées comme résistantes, c’est-à-dire des espèces qui sont souvent les dernières à pouvoir se développer dans un milieu dégradé. Cela pourrait indiquer que le milieu était trop fragile pour accueillir des espèces demandant de meilleures conditions, ce qui reste à démontrer. De plus cette première phase avait permis de montrer la présence d’espèces issues des jardins voisins (parfois invasives). Enfin du point de vue floristique, la partie anciennement en eau de l’étang (4000 m² et peu profonde) n’apportait aucune valeur floristique au site, puisque complètement nue.

Quelles évolutions ?

L’évolution de la flore semble positive malgré le décalage de la période d’observation de Mai-Juin en 2019 à Mars-Avril en 2024. Ce décalage a pour conséquences une flore moins développée en 2024, car nous sommes plus tôt dans le printemps, et nous observons pourtant une diversité équivalente là où nous nous attendions à voir peut-être une petite diminution. Pris dans son ensemble, le site présente désormais une flore plus caractéristique de zone humide, notamment à l’endroit où se trouvait l’étang et 2019 et où il y a aujourd’hui une nouvelle flore qui est venue recoloniser ce milieu. L’évolution de la diversité des amphibiens semble aussi en bonne voie mais n’est pas encore terminée. Quant aux odonates, l’étude commencera dans les dernières semaines d’Avril. Nous observons aussi dans la zone ouverte, l’apparition d’une espèce invasive, déjà présente en amont et en aval dans la vallée : Le Budléïa, ou arbre à papillons. L’inventaires floristique la prend évidemment en compte, mais les services de la mairie et de SBAA vont rapidement organiser une opération d’arrachage/brulage afin que les autres espèces puissent prendre le dessus, et éradiquer cette plante envahissante et classée invasive.

A quoi serviront ces études dans le cadre d'un futur projet pour le site ?

Les résultats de cette étude serviront à déterminer si les travaux ont impacté la biodiversité du site. Avec les travaux, le milieu a subi de profondes modifications et cette étude nous permet déjà de comprendre plus en détail comment l’écosystème du site se rétabli et évolue. Les travaux n’étant pas achevés, une dernière étude sera nécessaire pour montrer l’évolution potentielle entre aujourd’hui et l’aménagement définitif du site. Dans le cadre d’un futur projet, cette étude pourrait donc avoir un impact en définissant s’il est nécessaire de mieux protéger une zone ou un volet de la biodiversité. Ainsi pour la gestion et l’entretien à venir du site, les services de la Mairie auront, grâce à cet état des lieux, des préconisations claires et localisées, pour maintenir, voire améliorer, la qualité écologique du site.

Merci à David Etienne et Brewen Lemarchand pour ces explications très riches.