Maurice nous souffle une poésie : La cuisson du pain d'Emile Verhaeren

Maurice est un voisin et ami du quartier. Il a animé à de nombreuses reprises des évènements amicaux du quartier . Il est aussi passionné de poésie.
Il nous proposera chaque mois, un poème de son choix.
Ce mois-ci, il a choisi : La cuisson du pain d'Emile Verhaeren

Emile Verhaeren était un Belge francophone. Très mobilisé sur les questions sociales, ce sympathisant anarchiste en a fait un thème privilégié de son œuvre. Intéressé par les changements de la société moderne, il écrit sur les villes et les campagnes de son temps. Il était également très amoureux de son épouse, et n’a pas manqué de lui dédier trois recueils…
Dans +[« la cuisson du pain », le poète transfigure les servantes (les « gouges ») : toutes les parties de leur corps sont évoquées (front, coude, mains, doigts, poings, gorge, corps entier), mais ces corps ne sont pas féminins ; ce sont des corps combattant d’autres êtres vivants (poings monstrueux). Le pain et le four sont animés comme elles-mêmes (ventre, chair des seins, gueules, chiens roux, sautaient, rugissant, mordre…). Les verbes sont tous des verbes de mouvement (coulant, fumait, remuait, pataugeaient, moulaient, engouffraient, sautaient…). Le four est lui-même personnifié comme un dragon cruel (ventre, flammes, gueules, meute, rugissant, mordre…). L’âpreté du combat, qui ne souffre aucun repos, est accentuée par la chaleur (sueur, fumait de hâte, bois brûlé, flammes…) et la couleur rouge qui noie la scène. Le combat, la sueur, les brûlures, les morsures… Quelle ambiance !

Aujourd’hui, notre quartier de Robien ne compte plus qu’une seule boulangerie (Tartapain) : signe des temps et des habitudes qui changent… Le travail n’y est certainement pas facile tous les jours, mais quel contraste avec la forge de Vulcain où nous entraîne Emile Verhaeren !..