Maurice nous souffle une poésie : Jeanne était au pain sec (Victor Hugo (1802 - 1885)).


Je vous présente Jeanne Hugo. 
Son délicieux grand-père, Victor, vous le connaissez déjà !
A l’automne de sa vie, Victor a subi tous les deuils : son épouse et quatre de ses enfants sont morts avant lui et la dernière, Adèle, est internée en asile psychiatrique. Mais il a deux petits enfants qu’il adore, Jeanne et Georges. Voici donc Jeanne, punie de cabinet noir pour un « crime quelconque »… 
Pour consoler la pauvre Jeanne, Papi Victor enfreint la loi. Car dans cette histoire, la famille est un état, et un état justicier ! Voyez le vocabulaire : « crime », « forfaiture », « lois », « salut de la société », « gouvernement, », « pouvoir »… Notez l’allitération des « s », aux vers 5, 6, 7, soulignant la colère des juges, et l’assonance des « ou » aux vers 13 et 14, imitant les « ouh ! ouh ! » des mêmes. Voyez aussi le son « m » aux vers 20 et 21 : le grand-père maugrée, marmonne et mâche sa mauvaise humeur…
Remarquez aussi comme Jeanne est distante des adultes : ils l’appellent « cette enfant », « l’enfant ».
Pourtant, la terreur sera vaincue par « l’autorité de la douce créature », comme le dit Hugo, le maître de l’antithèse.
Ecoutez encore ces quelques vers de « L’art d’être grand-père » :
(…) j’aime mieux(…)
les enfants gâtés que les pères pourris.
Et ceux-ci, du même recueil :
Que voulez-vous ?
L’enfant me tient en sa puissance ;
Je finis par ne plus aimer que l’innocence.

Puissé-je être un grand-père de cet acabit ! --