Entre décompte et « Raconte ! » …(Billet de Gérard)

Comme chaque année, nous serons bientôt invités à rendre compte du nombre des oiseaux visibles dans nos jardins, voici donc, ce que j’ai pu observer dans notre « mouchoir de poche », bien pourvu en boules de graines pendues au lilas ou à un poirier déjà ancien…

Aux premières heures du jour, on entend les merles siffleurs, puis nous les voyons sautiller dans l’herbe à la recherche des vers de terre, premier mets de choix. J’aime leur côté facétieux, espiègle, leur œil vif. Ils sont deux ou trois ou quatre ou cinq, selon les jours… Ils prennent des relais tout au long des heures, parmi eux, une merlette plus brune que noire et qui les mène par le bout du bec !…

Il y a quelques mésanges, quatre ou cinq, mais comment les reconnaître entre elles ? Elles sont souvent par deux, couples durables, quelques-unes sont plus dodues que les autres, (leur masque ressort davantage du masque africain que celui que l’on porte pour résister aux assauts du Covid)… Elles sont de véritables acrobates, tendant de branche à branche leurs arabesques noires et bleutées, charbonnières, et restent en l’air, car je ne les vois jamais dans l’herbe, elles sont comme des funambules à dessiner des figures nettement au-dessus du sol. Mais chantent-elles en sol ?

Deux troglodytes tout petits, (trop gros, dites ?) pas visibles souvent, rares, et de plus traversant l’air du jardin, à la vitesse d’un supersonique, au-dessus du tarmac herbeux ! Si petits, où nichent-ils donc ? Dans un trou de mur ? Il n’y a pas de nid visible dans notre mouchoir de poche, et comme c’est l’hiver, nous voyons bien que nous n’avons pas de nid dans les arbres, alors dans l’herbe de la pelouse ? Et bien qu’ils soient plus gris, ce sont nos colibris. Combien pèse un troglodyte ? Deux grammes, trois grammes ? Davantage ?

Un rouge-gorge, seigneur des lieux, lorsqu’il est là, souvent à côté de nous lorsque nous sommes occupés au jardin, il a comme surnom « l’ami du jardinier », et sa gorge rouge réchauffe la grisaille ambiante. Il est très attentif lorsqu’il est présent, pas farouche, sociable, mais il reste indépendant, vigile bienveillante..

Des oiseaux noirs, plus gros que les merles : choucas et corneilles, les uns, à la coiffure un peu punk, une bande plus foncée du plumage sur la tête (un peu comme en ce moment les joueurs de foot !). Choucas ? D’autres oiseaux qui semblent aller souvent du côté du clocher de l’église de Robien, sans doute des corneilles des tours, souvent en nombre, lorsqu’elles repèrent les petites choses à manger que nous jetons dans l’herbe…

De voraces étourneaux, par quatre ou cinq le plus souvent, mais surtout il en est un qui s’accroche aux boules de graines, et qui les attaque voracement avec l’épée effilée de son bec… Son superbe plumage pointillé de taches et d’ocelles rachète son côté « morfalou » un peu voyou, et puis lorsqu’ils sont des milliers à voler là-haut dans le ciel, leurs nuages mouvants se métamorphosant sans cesse, c’est tellement beau ! C’est vrai qu’ils n’ont pas bonne réputation du côté des agriculteurs, lorsqu’ils pillent les semailles !

Et puis de temps en temps, un pinson, un bouvreuil rondelet, mais comment les distinguer ? L’un a le ventre un peu rose, l’autre un chant que je ne sais plus reconnaître, il me semble qu’avec mon grand-père nous le savions, dans notre lointain village de la Haute Savoie… Une grive aussi dont les visites espacées nous surprennent chaque fois…

Je ne pense pas avoir fait le tour complet de « nos » oiseaux, plus difficile à pratiquer que le tour de notre mouchoir de poche, ah ! oui j’oubliais colombes et pies, les unes jamais avec les autres, se remplaçant au cours de la journée, dans un ballet incessant, de chorégraphies claires ou sombres, avec roucoulements (exaspérants ?) et jacassements (énervants ?), j’ai observé souvent que les colombes, bien que restant toujours à distance de la maison, peuvent être fort virulentes, démentant ainsi pour un instant la légende de leur douceur… Et puis les pies, pouvant tenir tête à certains chats du quartier venus faire leur visite quotidienne… Les pies tressautantes, très sauteuses, bagarreuses, dont le vocabulaire vindicatif peut surprendre tellement il est expressif, mais dont la beauté noire et blanche, très graphique, fait oublier un moment leur langage excessif…

Je pense n’avoir oublié personne, ah ! si !, un faux flamand rose, dans le jardin voisin, sans doute pour amuser les enfants, posé à terre comme un clin d’œil exotique dans nos terres de Bretagne, et puis juste à côté dans le jardin mitoyen du flamand rose, il y avait une paire de hérons en plastique, protégeant les poissons rouges d’un bassin, mais aux dires de notre voisin habitant là, cela n’empêchait aucunement les chats de venir de temps en temps faire la guerre à ses poissons, du coup, les hérons sont partis sous d’autres cieux (en plastique ?), vers d’autres mares ou vers d’autres étangs…

Comme un regret : on ne voit plus guère de chardonnerets, et leur costume de couleurs vert, jaune, rouge… les derniers que nous avons vus : cela remonte déjà à plusieurs années, plus de dix ans je crois…

Bien sûr, mouettes et goélands font partir de notre décor, écrivant leur vie de saltimbanques là-haut dans le ciel… De temps en temps, l’une ou l’un d’eux se pose sur le toit du garage, pendant que ses confrères plus loin sur le toit de l’église, engagent une conversation mystérieuse avec l’oiseau solitaire nous observant depuis « son » toit.

De temps en temps un vol d’oies en triangle venu de la baie d’Hillion ou de plus loin, de Norvège ou d’ailleurs, et partant découvrir une fois encore le vaste monde…

Souvent, lorsque je regarde par la fenêtre « nos « oiseaux, je pense à tel ou tel humain que nous connaissons… Qui ressemble à qui ? Tel oiseau pourrait être le Totem de tel humain… Tant il en a les qualités, les particularités, le ramage, le plumage, le visage… C’est sûr, partout, il y a de « drôles d’oiseaux ! »


A lire si vous voulez :
 « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Harper Lee, livre-culte depuis les années soixante aux États-Unis, paru au Livre de Poche.
 « De Goupil à Margot » de Louis Pergaud, l’auteur de « La guerre des boutons », il s’agit d’un recueil de nouvelles sur le monde animal… Éditions « J’ai lu ».« Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède » de Selma Lagerlöf paru dans diverses éditions de Poche. Voyage aérien d’un enfant avec deux oies.