La Navette Rose vue par JC Le Chevère

Voici 2 textes ayant pour sujet notre petite navette rose. Le premier est une chanson composée à la manière d’Une petite cantate, chantée par Barbara (5 couplets) . Le second est une sorte de demande de maintien de ce service fonctionnel et agréable à la fois. Jean-Claude Le Chevère


UNE PETITE NAVETTE

I

Une petite navette qui vient vers toi,
Tant espérée mais régulière à la fois,
Une petite navette que nous trouvions autrefois
Dans les contes, les opéras,
Si mi la ré sol do fa.

II

Cette petite navette fa sol do fa
Toute émue et toute rose arrive à toi,
Elle semble sortir d’un dessin animé pour enfants sages
Et c’est Oui Oui à Saint-Brieuc
Si mi la ré sol do fa.

III
Elle peut paraître si fragile cette voiture-là
Mais pour toi elle est unique, indispensable ,
Alors espérons que jamais cette rose ne se fane,
Qu’on la prenne et la reprenne
Si mi la ré sol do fa.

IV

Cette petite navette qui vient vers nous,
Navette Cœur de Ville, c’est écrit sur son front,
A quitté les livres de contes que nous lisions autrefois
Pour entrer dans notre monde
Et surtout n’en plus sortir.

V

Si mi la ré si mi la ré si sol do fa
Si mi la ré si mi la ré si sol do fa
O notre amie toute rose de confusion
Toi qu’on a vite adoptée
A Robien il serait difficile de vivre sans toi.

NAVETTE


En entendant ce mot, « navette », il me vient d’abord à l’esprit San Antonio et son Fleur de Nave vinaigrette, l’un des titres incongrus dont Frédéric Dard avait le secret. Mais voilà, la nôtre est rose, et la lecture, un peu raide, de San Antonio lui aurait amené le rouge au front.

Alors passons d’un auteur à l’autre. Rappelez-vous ce vieux Malherbe. A la fin du XVIème siècle il ne risquait pas de croiser notre NCV (Navette Cœur de Ville), rose d’émotion du matin au soir. Et pourtant il a osé écrire : …Mais elle était du monde, où les plus belles choses /Ont le pire destin, /Et rose elle a vécu ce que vivent les roses /L’espace d’un matin… »

D’accord pour ton début, François de Malherbe. Car elle est belle notre rose navette, et nombreux sont ceux qui nous l’envient. Qui n’a pas entendu à Saint-Brieuc un badaud se plaindre ; que dis-je se plaindre, geindre plutôt, gémir, les yeux noyés de larmes : « Mais elle passe où, la navette rose ? Je n’ai pas encore réussi à la voir. » Patience, cher Monsieur [je ne dis pas chère Madame, car celle-ci, loin de s’apitoyer sur son sort, continue plutôt sa recherche et s’affaire jusqu’à ce qu’elle atteigne son but (d’après l’institut national de la statistique)]. Patience donc, cher Monsieur, vous la verrez bien un jour entre Robien et Saint-Michel. Mais revenons à notre Malherbe. Celui-ci possédait sans doute quelques connaissances en botanique et en… histoires de jeunes filles. Mais nous devons admettre qu’il n’entravait que dalle (ça c’est San Antonio qui refait surface) à la mécanique automobile. Et pour cause !

Alors « l’espace d’un matin » ne correspond absolument pas à notre rose à nous. Elle est increvable notre NCV. Elle a déjà vécu, un peu, elle vit, et elle vivra. Le plus longtemps possible, c’est ce que souhaitent ses usagers. Grâce à elle nombreux sont ceux qui ont retrouvé le plaisir de se déplacer d’un quartier à l’autre. Notre NCV abolit l’espace et le temps, et pourtant elle n’est pas spatiale (pas encore). Mais j’arrête ici mes compliments. Elle en rougirait, la belle. Alors ce ne serait plus tout à fait elle.

Photo le Télégramme