PARADOXE par JC Le Chevère

Au nom de la rentabilité.

Nous vivons une époque formidable, paraît-il. Elle est aussi paradoxale. Depuis des mois – et même quelques années – on nous serine que nous avons la chance de vivre dans un quartier à l’avenir assuré, essentiellement grâce à l’arrivée de la LGV qui va entraîner divers bouleversements, parmi lesquels un afflux de population puisque le nouveau parking sera de notre côté et que, grâce à la passerelle, « véritable rue », nous pouvons considérer que nous faisons désormais partie du centre-ville, ce qui justifie aussi la tarification des places de stationnement. De tout ceci va découler nécessairement un regain d’activité et de nouveaux commerces devraient en toute logique s’implanter à Robien. Des logements neufs – donc de nouveaux habitants – apparaissent également un peu partout dans le quartier.

Et au moment où tous ces changements sont sur le point de se réaliser on nous annonce qu’un élément essentiel du service public, la Poste, va être supprimé. Pour des questions de rentabilité. On a parfois du mal à comprendre la logique de nos  décideurs .

La Poste, entreprise publique qui a été cédée au privé par un gouvernement précédent, avait parmi ses missions celle de maintenir le service public. Or, si l’on comprend bien, dans le cas qui nous intéresse seule la dimension“ entreprise privée ” subsiste, avec son corollaire, la rentabilité (ce qui, en la circonstance, reste à démontrer).

Que l’on pousse cette logique jusqu’au bout et l’on trouve de quoi s’inquiéter. Que ne va-t-on pas supprimer ou abandonner au nom de la rentabilité ? Une école, un hôpital, un cabinet médical… A quoi cela sert-il alors de venir déplorer hypocritement sur des plateaux de télévision que des quartiers déshérités, des zones entières du territoire se trouvent engagés dans un processus de désertification ? A qui la faute, devrait-on se demander.

Et si nous considérons la population elle-même, nous pouvons constater que des groupes aux contours très divers ne sont plus rentables. Alors à quoi bon s’en préoccuper ? « Parquons à l’écart les réfugiés, les chômeurs, les retraités, les artistes, etc, etc… - cette liste à la Prévert est loin d’être close – et restons entre nous, les « rentables », pourraient dans un avenir plus ou moins proche décider certains parmi nos fameux décideurs ; nos affaires n’en seront que plus fructueuses… »

A voir !

Jean-Claude Le Chevère.